Épargne : faut-il investir dans l’assurance-vie en 2025 ?

Avec un rendement moyen des fonds en euros de 2,5 % pour 2024, l’assurance-vie conserve-t-elle un intérêt en 2025 ? Une chose est sûre, sa souplesse et ses avantages fiscaux en font toujours un outil de choix dans la palette des solutions d’investissement.

Comme chaque année, les assureurs annoncent à tour de rôle le rendement de leurs fonds en euros depuis début janvier. Pour mémoire, le fonds en euros est un support d’investissement sécurisé proposé dans les contrats d’assurance-vie, ainsi que dans les plans d’épargne retraite (PER), avec une garantie du capital investi. Il produit, chaque année, des intérêts qui viennent s’ajouter au capital. Afin d’être en mesure de garantir les sommes ainsi capitalisées, les assureurs les placent dans des actifs à faible risque, en particulier des emprunts d’État.

Le fonds en euros : un support d’attente

“Le rendement du fonds euros est souvent assimilé à celui de l’assurance-vie”, intervient Serge Harroch, gérant fondateur d’Alpha Phi, société de conseil en gestion et développement du patrimoine. Le fonds euro n’est qu’un actif parmi d’autres contribuant à la performance de l’assurance-vie. En étant essentiellement basé sur des emprunts d’État, d’une durée longue, ce support d’investissement offre la quasi-certitude d’un rendement régulier et d’une garantie de capital. “Lorsque l’emprunt d’État arrive à son terme et que le capital est remboursé, la compagnie doit investir ces nouvelles liquidités dans de nouveaux emprunts d’État. Actuellement, les taux des OAT réaugmentent, mais compte tenu de l’inertie liée au stock existant, le rendement moyen de l’assurance-vie devrait rester bas”, estime l’expert.

Rappelons que la loi dite “Sapin 2” du 9 décembre 2016 a été votée pour protéger les assureurs en cas de retraits massifs. À cet effet, elle autorise les compagnies d’assurance à limiter les rachats sur les contrats d’assurance-vie pendant une période de trois mois, renouvelable une fois, en cas de menace grave et caractérisée pour la stabilité du système financier. “L’adoption de ce texte a inquiété les épargnants, reprend Serge Harroch, mais il faut faire confiance au système. S’il est vrai que dans l’absolu, l’État peut faire faillite, c’est en réalité peu probable.” Le professionnel voit dans le fonds euro “un support d’attente et un facteur de modulation du risque dans une allocation d’actifs dans le cadre d’une stratégie patrimoniale adaptée à l’épargnant. Certes, le risque zéro n’existe pas, mais dans un fonds en euros, il est faible. Cet actif en euros permet aussi d’avoir une réserve d’argent disponible en cas de besoin ou dans l’attente d’une opportunité d’investir sur d’autres produits”, ajoute-t-il.

Un rendement moyen de 2,5 %

Après plusieurs années de baisse, le rendement net (autrement dit avant impôt) des fonds en euros des contrats d’assurance-vie remonte légèrement depuis deux ans et atteint en moyenne 2,5 % pour 2024. Il est cependant possible d’obtenir des rendements plus élevés à condition de prendre des risques sur les marchés financiers par le biais d’unités de compte (UC).

Bon à savoir : au 1er février 2025, le taux du livret A a été ramené à 2,4 %. Calculé en fonction de l’inflation, il s’élevait à 3 % depuis le 1er février 2023. Comme l’a indiqué le gouverneur de la Banque de France, malgré cette baisse, le nouveau taux du livret A reste “nettement au-dessus du niveau de l’inflation, qui s’est établie à 1,3 % fin décembre”.

Dans ces conditions, vaut-il mieux souscrire un contrat d’assurance-vie ou ouvrir un livret A ? En réalité, ces solutions apparaissent comme complémentaires : en effet, les sommes placées dans un livret A sont disponibles à tout moment et totalement exonérées d’impôt. En revanche, un épargnant ne peut en ouvrir qu’un seul, alors qu’il est libre de souscrire plusieurs contrats d’assurance-vie. De plus, contrairement aux contrats d’assurance-vie, le livret A est plafonné à 22 950 euros. Il paraît ainsi judicieux en pratique, lorsqu’on souhaite placer son épargne, de remplir tout d’abord son livret A, et de souscrire une assurance-vie en complément au-delà du plafond du livret.

Des taux boostés avec plus d’UC

L’assurance-vie est plébiscitée de longue date par les épargnants français, et son succès ne se dément pas comme en témoignent les chiffres de France Assureurs au 31 janvier 2025 : « En 2024, l’assurance-vie a confirmé son attractivité”, titre le communiqué de presse de l’organisation. En effet, la collecte nette a atteint 29,4 milliards d’euros sur l’année 2024, en hausse de 28,2 milliards d’euros par rapport à l’année 2023. La collecte nette des supports en UC s’établit à +34,4 milliards d’euros. Celle des supports en euros reste quant à elle légèrement négative, de −5,0 milliards d’euros.

“Les assureurs cherchent de plus en plus à équilibrer le ratio UC/fonds en euros, commente l’expert financier. À cette fin, ils peuvent proposer des taux boostés pendant un ou deux ans en contrepartie d’une part plus importante d’UC. La pratique de ces taux booste elle-même la collecte. Certains épargnants peuvent faire des allers-retours pour profiter des meilleurs taux boostés, mais cela ne doit pas guider leur choix », nuance-t-il.

La souplesse de l’assurance-vie

Le succès persistant de l’assurance-vie tient notamment à sa souplesse et à ses avantages fiscaux et successoraux. Elle apparaît en fin de compte comme une enveloppe fiscale au sein de laquelle on peut souscrire différents types de placements : fonds en euros, sans risque, ou unités de compte comportant des supports financiers. Ces derniers peuvent générer un rendement plus important que sur un support garanti tel que le fonds en euros. Mais, en contrepartie, l’épargnant s’expose au risque de perte en capital. En effet, les actifs composant les UC subissent les fluctuations des marchés financiers, tantôt à la hausse, tantôt à la baisse. On peut y trouver des obligations, des actions, des fonds monétaires, de l’immobilier…

Au-delà de la possibilité de diversifier ses placements, l’assurance-vie est également souple dans son fonctionnement puisqu’il est possible de procéder à des rachats partiels ou totaux à tout moment au cours du contrat. “La fiscalité sur les rachats dépend de la date de versement, rappelle Serge Harroch. À partir de fin 2025, les anciens contrats auront tous plus de 8 ans (loi Macron de 2017) et, par conséquent, la fiscalité sur les rachats sera au maximum de 30 % de la part de plus-value rachetée.”

Un outil de transmission

L’assurance-vie est une solution intéressante pour organiser la transmission de son patrimoine. Car, au décès de l’assuré, les sommes versées au bénéficiaire désigné n’entrent pas dans la succession. Il est ainsi possible de transmettre jusqu’à 152 500 euros par bénéficiaire hors frais de succession, y compris à des personnes sans lien de parenté. Cet abattement de 152 500 euros s’applique, par bénéficiaire, aux capitaux décès issus des primes versées avant les 70 ans de l’assuré, y compris aux intérêts capitalisés. 

La part de chaque bénéficiaire comprise entre 152 500 euros et 852 500 euros est soumise à un prélèvement de 20 %. Au-delà, c’est le taux de 31,25 % qui s’applique. Pour les primes versées après 70 ans, c’est un abattement global de 30 500 euros qui s’applique et ce, pour l’ensemble des bénéficiaires. Au-delà de cet abattement, les sommes versées au(x) bénéficiaire(s) sont soumises aux droits de succession. Les intérêts générés par les primes versées après 70 ans ne sont, quant à eux, pas imposables. À noter que le projet de loi de finances présenté en octobre 2024 proposait de revenir sur certaines de ces règles fiscales, afin d’aligner la fiscalité de la transmission des contrats d’assurance-vie après abattement sur le modèle des droits de succession en ligne directe. Mais ces changements ne sont plus à l’ordre du jour.

“Quand bien même la fiscalité de l’assurance-vie serait remise en cause, reprend Serge Harroch, en vertu du principe de non-rétroactivité de la loi, les sommes qu’un épargnant aurait versées sur son contrat avant l’adoption d’un nouveau texte demeurent en principe soumises à la fiscalité antérieure. En conséquence, il ne faut pas hésiter à souscrire une assurance-vie, estime l’expert, d’autant que l’État n’a fondamentalement pas intérêt à décourager les épargnants de recourir à ce type de placement qui touche tout le monde et pas que les plus riches. Il y a ainsi peu de risques de remise en cause à court terme des avantages fiscaux de ce placement.”

Question de profil et de projet

« Avant de souscrire une assurance-vie, mais cela vaut pour toute autre solution de placement, il faut se poser plusieurs questions, conseille le consultant. Chercher de la performance avec un objectif de rendement suppose de définir au préalable un objectif opérationnel. Quel est votre but ? La réponse à cette question n’est pas toujours si simple à apporter. Mon rôle consiste en premier lieu à aider l’épargnant à définir son objectif. 

Après quoi on peut investir sur tel ou tel placement. » Le profil de l’investisseur compte aussi, bien sûr, et notamment son appétence au risque : « combien est-on prêt à perdre ? » est la première bonne question à se poser. Le choix des supports de placement en dépend : fonds euro, sans risque, ou unités de compte ? Il faut également déterminer la part du patrimoine qu’on peut placer, sur quelle durée, à quel horizon. 

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